Quand la danse met à nu...
Sonia Blondet Rodríguez
Publié le 28 Mars 2017 à 14:42
Programmé par l'Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône au Théâtre du Port Nord, Tricks & Tracks n'a pas laissé les spectateurs indifférents ; beaucoup d'entre eux, à la fin de la représentation, se sont lancés dans de grandes discussions opposant diatribes et termes les plus élogieux.
Chorégraphie "explicitement sexuelle plus encore qu'érotique", Pál Frenák s'empare du mouvement "primaire" répété en prouesse des corps qui dansent et le confronte au décor, blanc, soigné, peu à peu maculé de l'activité des danseurs : sueur, traces, projections... Le geste et le muscle, décortiqués jusqu'à en apercevoir la structure sous-cutanée, jouent leur litanie de pulsions animales - "rébellion de la chair", nous dit-on. Evoquant un système que nous condamnons et auquel pourtant, nous prenons entièrement part ("agressivité et brutalité des changements sociaux"), Tricks & Tracks, projet construit entre Paris, Budapest et le Japon, dénude les corps, emprunte à la voltige ou à l'acrobatie, use de multiples références.
Le Chorégraphe, Pál Frenák, fascinant personnage, né de parents sourds-muets, a quitté Budapest pour Paris dans les années 80. Lauréat du Prix Moholy-Nagy 2015, deux fois lauréat du Prix Lábán Rudolf, distinction la plus prestigieuse de la profession hongroise de la danse, il s’est vu décerner, entre autres, le Prix Pro Budapest en 2014. Rien ne le définit mieux que cette "[...] écriture chorégraphie basée sur des mouvements organiques, puissants et frénétiques qui font émerger la solitude, la violence jusqu'à perturber l'intimité". On aime ou on n’aime pas, point de tiédeur, à part celle des corps inspirés qui transpirent en s'adonnant à une danse se saisissant des problématiques les plus actuelles.